Modjadji envoyé spécial
La reine est de mauvais poil, la reine boude. Un regard vide tourné vers la télé qui passe un dessin animé japonais, elle desserre à peine les dents pour répondre aux questions qu'on lui pose, par l'intermédiaire de son frère Kelly. Un béret de laine brun vissé sur la tête, un linge de bain jeté sur des épaules costaudes, elle fait de son mieux pour se montrer le plus désagréable possible, tandis qu'elle se balance mollement sur un rocking-chair où est encore collée l'étiquette du magasin. Accrochés au mur de la hutte de ciment, des images religieuses et des portraits de famille côtoient un calendrier du Parti national, l'ex-formation politique blanche au pouvoir en Afrique du Sud. Quand vient le temps d'aborder les questions politiques et les pouvoirs magique de «Sa Majesté», transmis depuis la nuit des temps de génération en génération, un grommellement s'échappe des deux lèvres boudeuses. «La reine est irritée», fait savoir Kelly. Sa Majesté ne veut pas être prise en photo et refuse l'accès à l'«arbre sacré». A moins que... Kelly veut être seul avec sa soeur, ne «comprend pas ce qui la dérange», prie les visiteurs de sortir. Puis revient avec un large sourire. «La reine est d'accord pour les photos. Moyennant un petite donation.» L'argent passe de main à main. Elle étale le billet rouge de 50 rands (60F) sur sa jupe, le contemple, et, avec un autre grommellement, le fait disparaître furtivement dans une poche.
Le don des Blancs. La reine Modjadji V,