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Libération

Grozny dévasté rêve d'indépendance. Les rebelles restent résolus à se débarrasser de la tutelle de Moscou.

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publié le 27 août 1996 à 9h11

Grozny envoyé spécial

Grozny respire. Evanouie la tension du week-end, cette atmosphère électrisée de s'être trop frotté à la guerre. Avec le retrait des premiers soldats russes, hier matin, et le retour timide des réfugiés, la capitale tchétchène semblait chercher les marques de son nouveau départ. Ce n'est pas encore la liesse et l'on reste bien loin des flonflons de la fête. Dans les casemates prises à l'ennemi, les combattants indépendantistes chantent la libération. Mais la guitare sonne grave, les complaintes versent dans le martial. Quelques anciens esquissent un pas de ziker, la ronde sacrée des confréries soufies. Des femmes en larmes étreignent les boïviki, en fils comme en sauveurs. La grande majorité des rescapés, toutefois, hoche la tête, tristement, devant les ruines de ses foyers. Pour la seconde fois en deux ans, la ville a revêtu la bure écorchée du martyr. Le peu qui restait debout dans le centre, l'infime qui avait été reconstruit sont pour de bon à terre. Façades éventrées, immeubles brûlés, les arbres couchés sur les avenues par la violence de la mitraille, par l'intensité des bombardements. Et ces conduites de gaz en flammes, torchères ensanglantant la nuit. Autant d'éléments du décor d'un cauchemar familier, craint parce qu'attendu, qui provoque frissons et suées parmi les habitants de Grozny. Là, c'est un proche qui a disparu, enterré sous les éboulis; ici, c'est toute sa vie qui est ensevelie dans les gravats d'un appartement ravagé. Or, il n'y aur