Chicago envoyé spécial
«La convention? Quelle convention? Non, t'es pas au courant! Ils sont là pour le Président!», explique Shanda, patiente avec le visiteur étranger. Elle prend pour preuve, un homme seul dans un terrain vague. «Ce sont des agents secrets: mais ici, on les appelle les joggers. Des grands gars blancs qui courent ici, c'est plutôt rare!» Avec ses copains Bobby, Shannon et James, quatre adolescents noirs, elle observe l'animation inhabituelle, au pied de leur immeuble de briques rouges, grises et sales. Les jeunes de la cité Henry-Horner regardent la silhouette du stade de basket des Chicago Bulls, où se réunissent les délégués démocrates. Ils sont fascinés par l'effet de cette visite présidentielle sur le quartier. Un arbre planté ici et un massif là, il y a deux semaines, un coup de peinture dans la cage d'escalier, le mois dernier, et un chantier inachevé pour un nouvel ascenseur. «Puisqu'on te dit que c'est pour le Président!», insiste Shanda. Elle montre au loin l'emplacement d'une des trois barres de logements rasées au cours des six derniers mois: un grand ensemble insalubre. Mais les jeunes ne sont pas dupes.Shanda gratte des morceaux de bois. «Ici quand tu soulèves, tu tombes sur la terre: notre poussière, notre terre. Quand le Président sera reparti, tu verras elle reviendra. Ici c'est sale, il n'y a rien à y faire.» Un métier improbable. Voter? «Pourquoi veux-tu que je vote?», s'étonne Bobby qui vient d'avoir 18 ans mais ne s'inscrira pas cet