Bujumbura
envoyée spéciale Les tombes ont été creusées à l'endroit même où chacun a été fauché. Il y en a une là, entre la maison et l'enclos, juste à côté du petit banc. Puis une autre quelques pas plus loin, à l'orée de la bananeraie. Et ici encore, un peu de terre remuée ornée de deux brindilles croisées, juste à l'entrée d'un magasin, où allaient pénétrer la mère et son enfant. «C'était le 27 juillet, il était dix heures du matin. Un camion militaire est apparu en haut de la colline. Ils ont commencé à tirer sur tous ceux qu'ils rencontraient», dit un villageois.
Sur la colline de Kiriba (province de Giheta, centre du Burundi), le sentier dévale vers d'autres maisons accrochées à la pente. Les carrés de quelques champs et puis, là-bas, sous des eucalyptus en cercle, une large fosse cette fois. «Là-dedans, ils sont 21», assure un homme. Une voisine se met à compter: «Il y a les quatre enfants de la parcelle voisine, les trois d'une autre, trois encore de celle là-bas et un jeune homme.» Un soldat de l'armée burundaise se met à rire: «Ma chère amie, je ne comprends pas. Lorsque je suis venu la semaine dernière avec les observateurs des droits de l'homme de l'ONU, vous avez dit qu'il y avait ici 35 corps. Aujourd'hui, vous annoncez à la presse qu'il y en a 12 ou 21.»
Depuis l'arrivée au pouvoir du major tutsi Pierre Buyoya le 25 juillet dernier, le Burundi n'en finit pas de compter ses tombes, de se battre à coups de bilan et de contre-bilan. Une guerre de cadavres, où les m