Chicago envoyé spécial
Le délégué du Colorado fait les cent pas, sa fillette de 2 mois dans les bras. Dès qu'il s'assoit, elle menace d'éclater en pleurs. Il finit par sortir de la salle, puis revient, l'enfant endormie sur son épaule. La fillette attire immanquablement l'attention des caméras. Des enfants souriants dans les bras de leurs parents: comme lors de la convention républicaine, cette image est un grand classique de la politique américaine. Et les démocrates ne se sont pas privés de l'utiliser. Ils ont fait de la défense de la famille au centre en 1992 des discours de Bush le thème central de leur campagne. Le mouvement est, à la fois, la récupération d'un thème favori de la droite chrétienne l'un des principaux alliés du Parti républicain et la preuve que celle-ci, si elle n'a pas étendu son influence au Parti démocrate, a réussi à lui imposer son langage. Celui-ci, pourtant, accompagne des positions conservatrices auxquelles les démocrates continuent d'être vivement opposés: lutte contre l'avortement, droits des homosexuels et prières à l'école. Le but est de jongler sur l'ambiguïté: modifier la signification du slogan en privilégiant les préoccupations sociales et économiques des «familles qui travaillent» et les besoins des femmes. C'est grâce à ces dernières que Clinton promet de remporter l'élection: d'après un sondage publié cette semaine, 54% des électrices entendent voter Clinton (contre 47% des hommes). Or, leurs préoccupations premières sont celle