Chicago envoyé spécial
Tout avait été prévu. La ville de Chicago, sa police et son maire ne voulaient pas répéter l'histoire de 1968 quand les manifestations contre la guerre du Viêt-nam avaient été interdites et les parcs fermés aux hippies. Cette fois, la contestation a été non seulement autorisée mais organisée en liaison avec les autorités.
Les appels à la mobilisation lancés à gauche, pendant la convention démocrate la semaine dernière, n'ont guère été entendus. De nombreux rassemblements ont été annulés faute de combattants. Et lors des tentatives, ici et là, de déranger la fête, les troupes sont restées clairsemées.
Le terrain était pourtant favorable: en annonçant une série de mesures pour séduire l'électorat conservateur, Clinton avait offert son flan à la critique. La signature de la loi sur l'aide sociale en particulier, lui avait mis à dos une bonne part des militants progressistes du parti, engagés dans les organisations de défense des pauvres et des sans-logis. La présidente de l'association des femmes, National Organisation of Women (NOW), pourtant fidèle démocrate, Patricia Ireland, avait mis en garde le Président contre des défections dans ses rangs. Les organisations des droits des homosexuels pouvaient trouver, elles aussi, matière à manifestation: leur dernier combat en faveur des mariages gays s'est heurté à une fin de non-recevoir du Président. Enfin, alors que le fossé racial demeure l'un des fléaux les plus graves de l'Amérique urbaine, aucune initiativ