Rangoon envoyé spécial
Il y a eu PepsiCo, Levi Strauss, Reebok et puis, le mois dernier, Carlsberg et Heineken. Peu à peu, un nombre croissant de multinationales se retirent de Birmanie ou annoncent leur désengagement du pays par crainte d'un boycott de leurs marques en Occident. Encouragée par ces récents «succès», une campagne internationale de boycottage de la junte militaire à Rangoon prend désormais pour cible principale Total, dont l'investissement en Birmanie est le plus controversé de tous. En raison de ses investissements en Iran et en Libye, le groupe pétrolier français est déjà la cible d'une loi américaine, signée le 5 août par le président Clinton. Ce texte menace de sanctions toute société investissant plus de 200 millions de francs dans le domaine des hydrocarbures dans l'un de ces deux Etats «soutenant le terrorisme».
Critiques nourries. «La Birmanie est l'Afrique du Sud des années 90», affirme haut et fort la Franklin Research and Developement Corp., une association pro-boycott basée aux Etats-Unis. Mais l'entreprise française est bien décidée à rester. Après tout, explique Joseph Daniel, le directeur des relations institutionnelles du groupe, «Total est présent dans 80 pays, dont tous ne sont pas forcément des modèles de démocratie».
Il est vrai que lorsqu'en 1991 les cadres de Total prirent l'initiative de proposer à la junte birmane de construire un gazoduc pour relier un gisement off-shore à la Thaïlande, ils n'ignoraient pas qu'ils s'attireraient des cri