Moscou de notre correspondant Le tout-Moscou politique se tourne vers les oracles. Tenter de déchiffrer les silences obstinés d'un Boris Eltsine toujours plus évanescent relève désormais de l'exercice gouvernemental quotidien en Russie. Ainsi, le chef de l'Etat ne s'est-il toujours pas exprimé formellement sur les accords signés samedi par le général Alexandre Lebed avec les dirigeants indépendantistes tchétchènes. Qu'à cela ne tienne. Le Premier ministre Viktor Tchernomyrdine, gratifié d'une éphémère rencontre avec le président fantôme, lundi soir, assurait hier que celui-ci approuve entièrement le processus engagé. Quand au secrétaire du Conseil de sécurité, s'il avoue «ne pas connaître la position officielle» du Kremlin concernant son initiative de paix, il a choisi de faire pitance du dicton millénaire: «Qui ne dit mot consent.»
«J'agis simplement dans le cadre des pouvoirs que le Président m'a attribués par décret» à la mi-août, et qui lui donnent toute latitude pour résoudre la crise tchétchène, souligne Alexandre Lebed. Il prévient toutefois «qu'il existe encore un potentiel de confrontation» en Tchétchénie où «la guerre est seulement stoppée» et non définitivement écartée. Dans une telle situation, maniant allégrement la litote, le général concède volontiers «qu'un soutien ouvert du Président ne (le) gênerait pas». Car les opposants au compromis restent nombreux autant que puissants. Et si Tchernomyrdine semble, pour l'heure, avoir choisi de croiser dans le sillage de