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Libération

La Turquie prise entre deux feux et tentée d'intervenirAnkara craint une extension de la crise qui profiterait aux rebelles kurdes du PKK.

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publié le 6 septembre 1996 à 22h41

Istanbul correspondance

Après trois jours de crise américano-irakienne, la Turquie semble aujourd'hui dans une situation des plus inconfortables, écartelée entre Washington et Bagdad et inquiète de l'instabilité nouvelle créée dans la région. Si Ankara ne veut en aucun cas remettre en cause ses bonnes relations avec les Etats-Unis, le gouvernement de la coalition islamo-conservatrice n'a pas caché, ces dernières semaines, qu'il désirait également renforcer ses relations avec ses deux voisins musulmans du sud, l'Irak et l'Iran.Ankara a en outre le souci d'affaiblir la rébellion kurde dirigée par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), implanté dans le nord de l'Irak.

Mouvements de troupes. De fait, la nouvelle «incartade» de Saddam ne fait rien pour arranger les affaires du Premier ministre islamiste, Necmettin Erbakan. Le gouvernement turc entendait notamment profiter du soutien du Parti démocratique du Kurdistan (PDK) de Massoud Barzani, appuyé par Bagdad, pour empêcher l'infiltration depuis la frontière turco-irakienne des militants du PKK, qui mènent la lutte armée en Turquie depuis douze ans. Désormais, tout est donc plus compliqué. Et les mouvements de troupes turques observés hier semblent confirmer que l'état-major de l'armée turque se prépare à une éventuelle intervention dans le nord de l'Irak. «Barzani a demandé à Ankara de lui venir en aide contre le PKK», a affirmé un diplomate turc. La Turquie étudie également la création unilatérale d'une bande de sécurité