Menu
Libération

Les ombres de l'autre guérilla mexicaineApparue récemment, l'EPR est soupçonnée de collusion avec le parti au pouvoir.

Article réservé aux abonnés
publié le 11 septembre 1996 à 22h30

Mexico envoyée spéciale

Deux semaines après son irruption violente sur la scène mexicaine, l'Armée populaire révolutionnaire (EPR) ne décroche pas de la une des journaux. Le 28 août, des actions de guérilla menées par l'EPR simultanément dans huit États ont fait dix-sept morts et une vingtaine de blessés. Alertes à la bombe dans les villes, accrochages meurtriers entre militants encagoulés et militaires dans les montagnes entretiennent un climat politique inquiétant dans un pays qui connaît une crise sociale sans précédent depuis 1910.

La politique économique mise en oeuvre avec l'appui du FMI par le président Ernesto Zedillo a en effet entraîné l'an dernier, après le krash financier de décembre 1994, une baisse de plus de 20% du pouvoir d'achat. Et trois millions de nouveaux pauvres sont venus rejoindre les treize millions de Mexicains incapables de s'acheter les produits alimentaires de première nécessité. Dans son discours de rentrée le 1er septembre, Zedillo n'a pourtant pas choisi de déclarer la guerre à la misère. Il s'en est pris à l'EPR, qualifiée de «pantomime». Depuis,policiers et militaires patrouillent ostensiblement dans les États les plus pauvres du sud comme le Guerrero ou le Chiapas.

Cette riposte exclusivement répressive a aussitôt conduit l'Armée zapatiste de libération nationale (EZLN) à rompre le dialogue institué en février 1995, un an après la sanglante insurrection du Chiapas. L'EZLN a posé cinq conditions à son retour à la table des négociations, dont l