Genève
de notre correspondant La publication mardi par le gouvernement britannique du rapport intitulé l'Or nazi a fait l'effet d'une bombe et risque de ternir profondément l'image de la Suisse. Les journaux populaires se déchaînent contre les banques suisses, le Financial Times, le quotidien londonien des affaires, a titré sur «les milliards d'or nazi déposés en Suisse», et l'ambassade suisse en Grande-Bretagne est assaillie de coups de téléphone de personnes outragées devant les allégations selon lesquelles 90% de cet or dormirait encore en Suisse.
L'essentiel du métal précieux proviendrait à la fois des biens spoliés aux victimes du nazisme et des réserves en or dérobées aux banques centrales des pays sous occupation du troisième Reich. Le document révèle que lors des négociations de Washington début 1946, qui devaient permettre à la Suisse de réintégrer le système financier international, les Alliés estimaient à 200 millions de dollars l'or déposé dans ses banques. Mais M. Hirs, représentant de la Banque nationale suisse (BNS) et membre de la délégation helvétique aux négociations, a révélé qu'il s'agirait en fait de 500 millions de dollars, soit l'équivalent de quelque 5 milliards de francs suisses, ajustés à 1996. Selon le texte anglais, les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France se seraient alors mis d'accord pour ne demander à la Suisse qu'un versement de 60 millions de dollars, décidant de ne pas dédommager les victimes du nazisme, au vu de la complexité de la tâ