Bruxellesenvoyée spéciale
Au milieu d'un faubourg de Liège, le petit local occupe une de ces devantures sans jour, briques rouges et dentelles blanches. A l'intérieur, quelques étagères, quatre lignes téléphoniques, une dizaine de bénévoles et une cafetière constituent le gros de l'infrastructure de cette modeste association d'aides au victimes. Une femme pousse la porte et secoue son parapluie. «Je viens pour un poster de Julie et Mélissa.» Regard mouillé vers le mur, où s'étale ladite affiche, deux photos en couleurs surmontées d'un bandeau noir. Julie et Mélissa, 8 ans, enlevées le 24 juin 1995. Retrouvées, mortes de faim, le 17 août 1996, dans le jardin de Marc Dutroux, assassin présumé d'au moins quatre jeunes filles et enfants, dont il est accusé d'avoir voulu faire le trafic dans un réseau de pédophilie. Julie et Mélissa, enterrées le 22 août, lors de funérailles nationales. Par l'émoi, par les larmes, par la foule, les cérémonies furent, dit-on, un événement comparable aux obsèques du roi Baudoin.
Dans le petit local, la dame au parapluie reprend: «Je voudrais vous demander de m'aider pour un problème de mutuelle. Je suis dans une situation injuste et désespérée. Je ne vois que vous vers qui me tourner. On n'en peut plus de nos dirigeants qui nous bafouent.» Elle éclate en sanglots. «Excusez-moi, j'arrête pas de pleurer depuis un mois. Faut dire qu'avec mon chômage et tout ça, je suis dans l'émotion sans cesse.»
Confidentielle avant que n'éclate l'affaire Dutroux, l'a