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Libération

Et Umberto Bossi créa la Padanie...Le leader de la Ligue marche pour l'indépendance du nord de l'Italie.

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publié le 14 septembre 1996 à 11h05

Pian del Re, envoyé special

Il devait descendre du ciel, comme une walkyrie. Il s'est finalement contenté d'une voiture, à cause des caprices du vent. Il a rempli une ampoule de l'eau du Pô, là où le fleuve sacré de la nouvelle nation padane sort du flanc du Monvis. Puis il est reparti vers la vallée, devant 200 léguistes en liesse, émerveillés par le chef audacieux qui a osé lancer à l'Etat italien un défi encore impensable il y a un an. «Vive la nation padane, libre et indépendante», «vive le Nord libéré du boulet méridional».

Durant deux jours, adhérents et sympathisants du mouvement sécessionniste s'apprêtent à investir les bords du fleuve, à applaudir le passage des bateaux qui vont se relayer du Piémont jusqu'à Venise où, dimanche, la «Padanie» verra le jour. Ainsi en a voulu Umberto Bossi, le chef de la Ligue du Nord, qui proclamera en grande pompe l'indépendance de cet «Etat virtuel», dont on ne connaît même pas vraiment les frontières.

Invention. Dans un premier temps, tous devaient former une chaîne humaine de plus de six cents kilomètres, des Alpes à la lagune de Venise. C'est mal connaître le Pô, ses eaux pas toujours naviguables, ses abords pas toujours accessibles. Les bateaux devront donc jouer à saute-mouton et la chaîne humaine sera en pointillé. Peu importe. Peu importe aussi que la Padanie soit une invention totale. Que Bossi soit en train de piétiner dix siècles d'histoire qui ont vu les ethnies de la plaine se déchirer et s'entretuer joyeusement. Ces gens-l