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Analyse

Le chef de la Ligue du Nord se ressource dans le Pô

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A force de surenchère, il se pose en seule force d'opposition.
publié le 14 septembre 1996 à 11h05

Bossi est-il un bouffon ou un vrai danger pour l'Italie? La presse italienne, après s'être repue tout l'été des énièmes bravades du chef de la Ligue, se pose gravement la question au commencement de la grande «marche du Pô». Alors que la Ligue célèbrera dimanche l'indépendance de la Padanie, tout le pays se demande en fait si ce grand spectacle, où vont se presser les télévisions du monde entier, est à ranger au rayon des pantalonnades ou des événements politiques sérieux. Le gouvernement de centre-gauche a lui-même eu du mal à trancher, alternant les haussements d'épaules indifférents et les mises en garde solennelles. Chacun a le droit de manifester pacifiquement dans ce pays, a jugé le ministre de l'Intérieur ex-communiste Giorgio Napolitano, estimant qu'interdire le défilé, comme le réclamait la droite Alliance nationale, était faire trop d'honneur à cette «pure idiotie» de la sécession nordiste. Mais le président du Conseil Romano Prodi a fini par en appeler cette semaine au thème sacré de l'unité nationale: «L'Italie ne finira pas comme la Tchécoslovaquie ou la Yougoslavie», a-t-il averti, promettant que le gouvernement ne tolérera «aucune violation de la loi».

Virage tactique. Si 62,6% des Milanais, selon un sondage publié par La Repubblica, considèrent comme «une bouffonnerie» la marche du Pô, le ton est loin d'être à la galéjade dans les milieux politiques et intellectuels. Le brutal changement de cap ­du fédéralisme au sécessionnisme­ opéré par Umbe