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Libération

Les Argentins en grève de la lumière contre MenemExaspérés par la politique de rigueur, des millions de foyers ont répondu jeudi soir à l'appel de l'opposition.

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publié le 14 septembre 1996 à 11h05

Buenos Aires, correspondance

Jeudi 12, 20 heures. Les villes argentines sont subitement plongées dans le noir, tandis que des rues s'élève une incroyable cacaphonie: klaxons, alarmes de voitures, bruits de cloches, sifflets... «Le gouvernement dort, il faut le réveiller», explique une épicière de Buenos Aires martelant une casserole, après avoir éteint son enseigne.Un geste répété par des milliers de commerçants et des millions de foyers argentins pour manifester contre la politique économique du gouvernement. La consigne: «Eteindre la lumière pour que s'allume l'espoir.» Les habitants des quartiers populaires de Cordoba, La Plata, Rosario, où pas une ampoule ne brillait, étaient sur leur balcon ou dans la rue, chantant et tambourinant, alors que la circulation était paralysée.

Après le franc succès de la grève générale du 8 août ­organisée par les syndicats­, c'est le Frepaso (alliance de centre-gauche) qui lançait l'appel à l'Apagon (extinction massive des lumières). Très vite rejoint par le principal parti d'opposition, l'Union Civique Radicale (UCR), et par plusieurs syndicats et mouvements associatifs.

Un regroupement de l'opposition jamais vu et une manifestation totalement inédite en Argentine, pour exprimer le mécontement d'une population exaspérée par les successives mesures de rigueur. Le dernier «paquet» économique, à base d'augmentations d'impôts directs et indirects, affectera la classe moyenne, déjà touchée par le chômage (17%) qui a triplé en seulement quatre an