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zoom: PORTRAIT D'UNE SOCIETE EN CRISE, DERNIER VOLET. Délit d'homonymie en Belgique Un célèbre pâtissier boycotté parce que son nom est celui d'un proche de Dutroux.

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publié le 17 septembre 1996 à 10h58

Bruxelles envoyée spéciale

Ce matin-là, Anne-Marie a répondu au téléphone, qui sonnait avec insistance dans la pâtisserie Nihoul, établissement qui est à Bruxelles ce que Sacher est à Vienne: un mélange de crème fraîche et d'un certain art de vivre. Dans le combiné, une voix anonyme lâche: «Je vais vous ramener le gâteau qu'on a acheté chez vous. On a trouvé un doigt d'enfant dedans.» Devant la célèbre devanture, un père giffle son gamin: «Non, on n'achètera pas de sucette chez les assassins d'enfants.» A la caisse, une des rares clientes demande, d'un ton «High Life» (le Bottin mondain belge): «Je ne savais pas que vous aviez de la famille dans la pédophilie.» Et, tous les jours, s'arrêtant devant les travaux de voirie, à quelques mètres de la pâtisserie, des passants sondent, horrifiés, la chaussée éventrée. Les ouvriers ont beau parler de terrassement, expliquer que le chantier dure depuis des mois déjà. «Non, non. On sait bien que c'est pour trouver des petits enfants», s'obstine une mère de famille.

Cela fait un mois que la pâtisserie Nihoul a été précipitée dans le chaudron infernal de l'affaire dite du «monstre de Charleroi», qui bouleverse la Belgique. Dans le sillage de Marc Dutroux (le «monstre» en question chez lequel les enquêteurs ont déterré les cadavres de quatre jeunes filles et enfants) gravitait en effet un certain Jean-Michel Nihoul. L'homme est aujourd'hui suspecté d'être une des chevilles principales de ce réseau de pédophilie. Autant le dire fermement: le