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Analyse

Liaisons pétrolières franco-africainesL'entreprise Bidermann a été renflouée sur le dos d'Elf Gabon.

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publié le 18 septembre 1996 à 10h52

Libreville envoyé spécial

Le 18 juillet, au terme de son voyage officiel au Gabon puis au Congo voisin, Jacques Chirac s'est indigné, lors de la conférence de presse finale, d'une question jugée impertinente. «Mais c'est absurde! Qu'est-ce qui vous prend?», s'emportait-il quand on lui demandait si l'affaire Elf et le sort de son ancien PDG Loïk Le Floch-Prigent, dont le maintien en prison était annoncé le jour-même, avaient été abordés au cours de ses entretiens. «Personne ne m'en a parlé, non», affirmait-il. Sa dénégation véhémente est aujourd'hui contredite par Omar Bongo, le président du Gabon.

Elle recouvrait, en fait, une évidence: dans les deux pays visités, qui vivent largement du pétrole et dans lesquels Elf est un Etat dans l'Etat, comment n'aurait-on pas parlé du feuilleton judiciaire en France? Comment Omar Bongo et le président congolais Pascal Lissouba n'auraient-ils pas profité de la présence de Jacques Chirac pour s'enquérir, de vive voix et en l'absence de témoins, des suites probables de la mise en détention de Le Floch-Prigent? A Brazzaville, où il disposait d'une résidence, ce dernier avait même réveillonné en famille à la table du Président.

Entre la France et l'Afrique, le milieu pétrolier est un petit monde. Personne ne le connaît aussi bien qu'Omar Bongo. Dans son cabinet présidentiel, il a maintes fois reçu, officiellement ou discrètement, Loïk Le Floch-Prigent, l'inamovible monsieur Afrique d'Elf, André Tarallo, par ailleurs PDG d'Elf Gabon, ou encore