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Libération

Confession d'un ex-flic de l'apartheidChef d'un escadron de la mort, le colonel De Kock met en cause Frederik De Klerk.

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publié le 20 septembre 1996 à 10h44

Pretoria envoyé spécial

Une raie dans les cheveux, comme tracée à la règle, divisant une coiffure soigneusement lissée, l'ex-colonel Eugene De Kock a raconté cette semaine, pour la première fois, devant les juges de la Cour suprême de Pretoria, son existence de super-flic, chargé à la tête de son unité clandestine, le Vlakplas, des sales besognes du régime d'apartheid, jusqu'en octobre 1993. Un déballage qui l'a amené à mettre en cause ses supérieurs de l'époque, dont l'ancien président Frederik de Klerk... Dans sa langue natale, l'afrikaans, sec et martial, le colonel a sifflé cette phrase d'entre ses mâchoires à peine desserrées, en préambule aux horreurs qu'il s'apprêtait à révéler: «Je vais vous paraître clinique et dénué d'émotions, mais ce ne sont pas mes vrais sentiments. Vous ne pouvez pas commencer à pleurer, parce que, alors, tout le monde autour de vous s'y met aussi. On ne doit pas montrer son émotion.»

Puis, le colonel a tracé le chemin qui, de petit Blanc afrikaner à l'éducation religieuse et conservatrice, au père ultrasévère «mais pas raciste», devait le conduire à son premier job de sergent dans la police rhodésienne, en guerre contre les insurgés de Robert Mugabe. Là, il apprend une règle essentielle: «Pourquoi s'en tenir aux règles et ne combattre qu'un boxeur, alors qu'avec un coup dans les couilles, on peut en tuer trois?» C'est l'apprentissage des «sales combines» dont il fera sa profession et qu'il applique en Namibie, au service de la terrible unité Koe