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Libération

Aznar, cent jours et sans changementEn quatre mois de pouvoir, la droite espagnole a tourné le dos à toutes ses promesses.

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publié le 21 septembre 1996 à 10h42

Madrid de notre correspondant José Maria Aznar fête ses 150 jours, en grande pompe mais dans un climat chiche d'enthousiasme. Près de cinq mois après sa prise de fonctions, le chef du gouvernement espagnol tenait meeting, jeudi soir, au palais des Sports de Madrid. La machine du Parti populaire (PP) s'est dérouillée les articulations pour ce réchauffé de campagne électorale, afin de mobiliser une vingtaine de milliers de sympathisants et prouver ainsi que «le président du gouvernement reste proche des gens». Le bilan d'Aznar n'a pourtant pas de quoi électriser les foules. Qu'elles soient acquises au PP ou critiques, elles cherchent encore el cambio, le changement promis. Après treize ans de pouvoir socialiste, l'Espagne ne connaît aucune révolution de droite. Ni chambardement néo-libéral, ni retour à l'ordre moral, n'en déplaise aux augures socialistes qui espéraient s'y faire des griffes neuves.

Une des rares velléités outrancières, le projet de supprimer toutes les protections et subventions au cinéma espagnol, n'a pas dépassé la déclaration d'intention après le tollé déclenché dans le monde de la culture. La droite espagnole n'est plus que ce qu'en a fait le prudent (sinon terne) José Maria Aznar: moins programmatique que pragmatique. La seule «idéologie» en vigueur est peu ou prou de conserver un pouvoir enlevé in extremis, avec 290 000 voix (soit 1,2% des suffrages) d'avance.

Continuité. A la vice-présidence du gouvernement, le bras droit d'Aznar, Francisco Alvarez Casco