Le pari du Premier ministre grec, Costas Simitis, a été tenu et,
pour la première fois depuis des semaines, il souriait vraiment à la foule des militants brandissant les drapeaux verts du parti. Sans jouer des effets faciles de la «rhétorique du balcon» de son prédécesseur, ni recourir à la démagogie nationaliste, cet austère successeur d'Andréas Papandréou à la tête du Pasok a largement remporté les élections anticipées de dimanche avec 41,5% des suffrages, et l'ampleur inattendue de cette victoire montre que l'électorat grec est désormais toujours plus européen dans ses espérances comme dans ses comportements. Pour avoir sous-estimé cette évolution, Miltiade Evert, leader de la Nouvelle Démocratie (le grand parti conservateur grec), a perdu ce scrutin avec tout juste 38,1% des suffrages.
Tout au long de sa campagne, le candidat de la droite avait attaqué le chef du gouvernement, l'accusant notamment «d'avoir baissé le drapeau grec» lors de la crise d'Imia en février, quand Athènes et Ankara furent au bord de la guerre pour cet îlot de l'est de la mer Egée revendiqué par les deux capitales. Mais la frénésie nationaliste s'est émoussée. Dans les années précédentes, elle portait des centaines de milliers de Grecs, encouragés par une classe politique quasi unanime, à manifester dans les rues de Salonique contre la Macédoine coupable d'usurper un nom du patrimoine hellénique. Les plus extrémistes se mobilisaient même pour les Grecs d'Epire du Nord (du sud de l'Albanie). Aujourd'h