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Libération

Les Mongols se retrouvent une âme. L'ancienne théocratie bouddhiste est devenue une terre de conquête pour les missions religieuses.

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publié le 30 septembre 1996 à 10h15

Mongolie envoyée spéciale

AKarakorum, l'ancienne capitale de l'Empire des steppes, Namkhaijantsan, le jeune Khamba (chef hiérarchique) de ce qui fut le plus grand monastère d'Asie du nord sirote quelques gorgées du lait de jument fermenté qu'un moine vient de lui porter. Dans son dos le vieux lama au crâne rasé qui veille à ses moindres gestes, saisit le bol de bois et avale respectueusement les dernières gouttes . La blancheur de cent huit stupas (monuments) délimite ce haut lieu du bouddhisme, dont seule une petite partie a été restaurée par les moines, après plus de soixante-dix années d'abandon.

«C'est normal qu'il y ait une liberté de croyance et que la population soit attirée par les nouveaux cultes. Mais la multiplication des religions est dangereuse pour l'unité de la Mongolie. Nous sommes si peu nombreux dans un espace aussi immense», explique le Khamba d'une voix douce.

Réservoir d'âmes.Après plus de soixante-dix années d'athéisme imposé par un régime communiste aux ordres de Moscou, la Mongolie redécouvre depuis 1990 une libéralisation progressive des cultes, parrallèlement à la démocratisation de son système politique. Du coup, ce pays, en dépit d'une population très faible (deux millions et demi d'habitants pour un territoire grand comme trois fois la France) est devenu la nouvelle terre de conquête des missions de tous les grands ordres religieux. Catholiques, protestants, musulmans, mormons, sectes diverses tentent de développer leur influence dans cette région