Rome de notre correspondant
«Duel Prodi-Chirac», «Chirac attaque l'Italie»: dans la presse italienne, le vif échange entre le président français et le chef du gouvernement italien prend le ton d'un bulletin militaire à quelques heures du sommet franco-italien qui s'ouvre ce soir à Naples. Jacques Chirac avait exprimé mardi des doutes sur la capacité de l'Italie à satisfaire aux conditions prévues pour entrer tout de suite dans le club de la monnaie unique. Il s'en est pris également à la lire, dont la dévaluation depuis sa sortie du Système monétaire européen menacerait des pans entiers de l'économie française, demandant que la devise italienne rentre aussitôt dans le SME à une parité acceptable.
Ce faux pas diplomatique montre combien l'écheance de Maastricht met les nerfs des principaux pays européens à vif. L'incident survient en effet juste après la polémique entre Prodi et le chef du gouvernement espagnol, José Maria Aznar. Ce dernier avait révélé que l'Italie voulait assouplir les critères de convergence de Maastricht et qu'elle recherchait des alliés pour contrer l'axe franco-allemand. Son homologue italien l'a traité implicitement de «menteur».
En réponse au président français, Prodi a convoqué l'ambassadeur de France à Rome, obligeant l'Elysée à faire machine arrière. Mardi après-midi, Chirac reconnaissait que «la politique déterminée du gouvernement italien allait dans le bon sens». Puis, le soir, il s'entretenait directement avec Prodi mettant un terme, pour l'heure,