Pour la première fois, Amnesty International dénonce non seulement
les violations des droits de l'homme dans «un pays soumis à l'arbitraire des forces de sécurité», mais, aussi, «la complaisance de pays étrangers», alliés du régime et fournisseurs du matériel de guerre employé à des fins de répression. Dans un rapport d'une soixantaine de pages consacré au Tchad, l'organisme de défense des droits de l'homme tire le bilan des six années de règne du président Idriss Déby en affirmant: «La soif du pouvoir, la volonté de domination et la terreur qui caractérisaient le Tchad sous le président Hissène Habré ont continué à marquer les pratiques du pouvoir sous son successeur, le général Idriss Déby.» Rappelant les quelque 40 000 morts dans les geôles du régime précédent, Amnesty conclut: «S'émouvoir du départ d'Hissène Habré, responsable de violations massives des droits de l'homme perpétrées grâce à l'aide militaire, relève du cynisme. Ne pas tirer les leçons du passé et poursuivre la coopération militaire avec son successeur qui perpétue les mêmes pratiques est tout aussi cynique, voire criminel.»
A la suite d'une enquête effectuée sur place au mois d'avril, l'organisme égrène le chapelet des abus commis «en toute impunité»: arrestations arbitraires, conditions de détention inhumaines, absence de garanties judiciaires, tortures, «recours aveugle à la force meurtrière», exécutions. Amnesty relève que «le viol systématique entre aussi dans le cadre de la politique de répression et d'