Au lendemain du triomphe de l'extrême droite aux premières élections
européennes tenues dimanche en Autriche, la presse autrichienne préférait mettre l'accent, hier, sur l'effondrement du Parti social-démocrate du chancelier Franz Vranitzky plutôt que sur le score historique de Jörg Haider. Déjouant tous les sondages qui le voyaient plafonner à 25%, le jeune tribun populiste et nationaliste a finalement rallié 27,6% des suffrages (5,7 points de plus qu'aux législatives de décembre 1995), qui lui valent six sièges au Parlement européen (un de plus qu'aujourd'hui). En face, le SPÖ social-démocrate tombe, pour la première fois depuis 1918, sous la barre des 30% (à 29,1%, en chute de 8,8 points) et perd deux des huit sièges qui lui avaient été attribués d'office à Strasbourg, après l'entrée de l'Autriche dans l'Union européenne en janvier 1995.
Face aux titres chocs de beaucoup de quotidiens européens inquiets de l'ascension d'un «nouveau Hitler autrichien», les commentateurs locaux refusent de s'alarmer. «L'Autriche ne bascule pas à l'extrême droite, assure Hans Henning Scharzach, auteur d'un livre sur Jörg Haider, les électeurs n'ont pas voté pour ses positions nationales-socialistes, mais d'abord contre Vranitzky et son aberrante coalition gouvernementale avec les conservateurs.»
Même analyse au journal populaire Kurier, dont le directeur, Peter Rabl, interprète ce scrutin européen comme «la lettre d'adieu des électeurs à Franz Vranitzky». «Le vote Haider est d'abord un vote de