Waterval Boven, envoyé spécial
Amusant de voir tous ces petits enfants de riches, blancs et blonds comme les blés, galoper pieds nus entre les tables du buffet. Tandis qu'à leurs côtés les petits Noirs sont chaussés de souliers vernis impeccablement cirés. Tordantes aussi, les dames rosissantes du Parti national (NP), aux lèvres crispées fraîchement repeintes et à la permanente incertaine, qui sursautent lorsque les sonores «Youyouyouyou!» du choeur de jeunes filles ndebeles saluent l'arrivée de Frederik De Klerk, le chef du NP. Etonnantes, les blagues en afrikaans (la langue des Boers) de David Malatsi, l'animateur noir du jour, qui parvient à faire rire son parterre de ventripotents fermiers afrikaners en shorts et longues chaussettes de laine tirées sous les genoux. Oui, vraiment, en ce torride samedi après-midi, il faut se pincer pour croire qu'on est bien à une assemblée générale du NP, l'organisation politique qui fit régner un pouvoir absolu depuis 1948 au service de l'apartheid et de la suprématie blanche.
Mais les temps ont changé, depuis l'avènement de la démocratie en Afrique du Sud et l'arrivée de Nelson Mandela en 1994. Et cet après-midi, à Waterval Boven, un gros bourg à trois cents kilomètres à l'est de Johannesburg, le NP a définitivement viré sa cuti d'ex-parti raciste. Pour la première fois, c'est à un Noir, David Malatsi, précisément, homme d'affaires et élu du NP au Parlement, qu'est remise la présidence du parti dans une des neuf provinces de l'Afrique d