Managua, envoyé spécial
«Mes frères, inspirons-nous du message de la conférence épiscopale, où nos évêques se félicitent que tous les hommes et toutes les femmes du Nicaragua puissent, à l'occasion des élections de dimanche, se parler en paix. Ce message n'est pas celui que nous tenions dans les années 70, ces années de guerre. Le monde a changé, et nous aussi. Nous avons appris à pardonner et nous continuerons de l'apprendre. Ce jour est un jour de paix et d'amour. Nous avons tous commis des erreurs. Nous ne sommes que des pécheurs. Seul Dieu est parfait. Je jure ce soir que le sang innocent ne coulera plus jamais. Nous allons ouvrir un chemin nouveau où tous les hommes de ce pays apprendront à être frères.»
Ainsi parla Daniel Ortega, 49 ans, mercredi soir, au meeting de clôture de sa campagne électorale, devant plusieurs dizaines de milliers de fidèles rassemblés sur la place... Jean-Paul-II. Un prêche accueilli avec allégresse. Nul ne doute à cet instant, parmi le petit peuple de Managua communiant dans une extase collective, que «Daniel» sera dimanche, à nouveau, président, après six années d'éclipse.
Popularité. La quasi-totalité des sondages et des observateurs prophétisent pourtant le contraire, en annonçant le triomphe, dès le premier tour peut-être, du rival d'Ortega, le «docteur» Arnoldo Aleman, 50 ans. Cet énorme personnage affublé d'un triple menton respire une prospérité dont rêvent tous ses concitoyens. L'homme doit sa popularité à un mandat de maire de la capital