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Libération

Au Kurdistan irakien, l'étrange bataille d'ErbilLe front s'est figé entre les factions autour de la capitale kurde, toujours sous «protection irakienne».

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publié le 19 octobre 1996 à 0h19

Erbil envoyé spécial

Dans son bureau du fantomatique gouvernement du Kurdistan, le Premier ministre affiche une mine sombre. «Ils nous ont repris ce qu'on avait conquis la dernière fois, mais ils n'auront pas Erbil! (la capitale du Kurdistan irakien, ndlr)», assure Nouri Rosh, du PDK (Parti démocratique du Kurdistan, de Massoud Barzani). En bon fonctionnaire, il passe chaque matin signer des papiers et échanger trois mots avec quelques députés et autres dignitaires locaux autour d'un thé. Son regard s'arrête soudain sur une longue liste imprimée sur une feuille mal coupée puis appose sa signature en soupirant: «La guerre représente un gros budget.» Surtout dans la défaite... En trois jours, les peshmergas du PDK ont perdu tout le terrain gagné un mois auparavant sur leurs rivaux de l'UPK (Union Démocratique du Kurdistan de Jalal Talabani) et sont quasiment repliés sur Erbil. C'est l'intervention des forces irakiennes, le 30 août, qui avait permis au PDK de prendre le contrôle de la capitale du Kurdistan, à quelques kilomètres au nord du 36e parallèle. Et ce sont ces mêmes troupes de Bagdad, stationnées désormais en deçà de cette ligne rouge imposée par les alliés en 1991 à Saddam Hussein, qui garantissent la sécurité de cette ville de plus d'un million d'habitants.

Patrouilles de peshmergas. Erbil est calme, en effet, malgré la menace d'un retour de l'UPK. C'est à peine si quelques familles ont quitté leur maison, pour se réfugier plus au nord, à Dohouk, par exemple. Ces derni