Managua envoyé spécial
Violeta Chamorro a fêté hier soir son 67e anniversaire avec un mélange de joie et d'amertume. C'est en effet un pays pacifié qu'elle léguera au successeur que lui désigneront ce dimanche ses compatriotes, au terme d'un mandat de six ans tumultueux et, tout compte fait, fructueux. «Elle a apporté la liberté pour tous et enraciné la démocratie», résume un ambassadeur en poste à Managua.
Mais les Nicaraguayens sont un peuple ingrat. Quand on leur demande quelle époque fut la meilleure à leurs yeux, c'est la dictature d'Ernesto Somoza, à en croire un récent sondage, qui arriverait en tête (34%), devant le régime sandiniste (28%), les années Chamorro n'obtenant que 22% d'opinion favorable. Le bilan de dona Violeta a sa part d'ombres, et le fait que les deux seuls personnalités en mesure de l'emporter demain représentent les courants les plus extrémistes de la société une droite où se reconnaissent les anciens somozistes et les révolutionnaires du Front sandiniste démontre l'impuissance de la présidente à générer une solution dégagée des passions et des fantômes du passé.
Au cours de leur duel, Arnoldo Aleman (Alliance libérale) et Daniel Ortega (FSLN, Front sandiniste de libération nationale) se sont davantage préoccupés de tisonner les braises de ce passé que de dégager un programme. Ils promettent en l'occurrence la même chose: du travail (le chômage, total ou partiel, est estimé à 48%), la prospérité (3 habitants sur 4 vivent sous le seuil de pauvreté)