Bruxelles, envoyée spéciale
Après le succès triomphal, dimanche à Bruxelles, de la marche organisée par les parents d'enfants disparus, les élus belges ressemblaient hier à des galopins pris en faute. Toute la journée de lundi ne fut ainsi qu'un concert embarrassé où les hommes politiques, toutes couleurs confondues, se sont répandus en «oui, nous allons changer» (un membre du PS), «il est temps que nous nous ressaisissions» (Albert Lienard, Parti social-chrétien) et «nous avons clairement compris le message» (Albert Dehaene, Premier ministre).
Mais si elle a mis dimanche ses dirigeants à genoux, cette vague de 325 000 contestataires les défie une fois encore. Que va bien pouvoir faire maintenant un mouvement, né dans l'émotion de l'assassinat de quatre enfants, et qui s'est mué deux mois plus tard en la plus vaste contestation contre la classe judiciaire et politique qu'ait jamais connue le pays?
Hier en tout cas, les mutinés du royaume ont fait comme d'habitude. C'est-à-dire que chacun a improvisé. Ainsi à Bruxelles, deux dépôts d'autobus ont spontanément débrayé dans la matinée. «Ce n'est pas parce qu'il y a eu une marche dimanche que tous les problèmes sont résolus. Nous n'arrêterons pas de protester», explique un chauffeur de tram. Il brandit une pancarte: «Ne baissons pas les bras, continuons pour nos enfants.» Au même moment, dans le nord de la capitale, les lycéens d'une école secondaire ont posé leurs stylos pour réclamer «un monde meilleur».
Toute la journée, au sud