Managua envoyé spécial
Arnoldo Aleman n'a pas résisté au plaisir de s'autoproclamer président de la République dès 4h30, hier matin, sur la foi de décomptes officieux portant sur à peine 10% des voix. Le champion de la droite nicaraguayenne, entouré de supporters hystériques et flanqué de ses quatre enfants, s'est crédité de plus de 50% des suffrages, avec une avance de plus 10 points sur Daniel Ortega. Se posant en Président de tous ses compatriotes, il a aussitôt déclaré tendre «les mains aux conservateurs, aux sociaux-démocrates, sans sandinistes et aux communistes» pour «reconstruire le pays», «dépasser le passé» et «ouvrir une nouvelle ère de la République».
L'assurance d'Arnoldo Aleman était telle que les journalistes et les observateurs l'auraient volontiers ceint illico de l'écharpe présidentielle. On entendit quelques salves de pétards éclater dans la nuit de Managua, preuve que de nombreux supporters, restés à l'écoute des télés et des radios, s'apprêtaient à partager leur allégresse avec le voisinage.
Puis les salves se sont espacées. Les militants, finalement, sont allés se coucher, faute d'obtenir la moindre confirmation auprès du Conseil suprême électoral, seule instance autorisée en matière de résultats. Les chiffres alors publiés par la présidente du CSE, Rosa Marina Zelaya, ne portait en effet que sur 6% des quelque 9 000 bureaux de vote. Ils concordaient certes avec les projections d'Aleman, en lui accordant 48,65% contre 39,58% au leader sandiniste, les 21% r