Managua envoyé spécial
Gros et fier de l'être. Le président élu du Nicaragua il entrera en fonctions le 10 janvier se félicite de son embonpoint à la Pavarotti et de son triple menton. Cela le rend immédiatement identifiable, ce qui est un atout en politique. Arnoldo Aleman sait en outre qu'un homme bien portant fait plus envie que pitié dans un pays où les malheureux constituent l'écrasante majorité de la population. Sa prospérité, dans tous les sens du terme, inspire confiance. Et c'est pourquoi cet avocat d'affaires qui dirige plusieurs plantations de café a bénéficié dimanche d'un vote incontestablement populaire, avec 48% des voix (selon des résultats encore partiels), bien qu'il fût le candidat d'une droite radicale, avec dans ses rangs les nostalgiques impénitents de la dictature somoziste.
Il serait pourtant injuste de réduire l'individu à cette caricature. Aleman, d'ailleurs, n'appartient pas au cercle fermé de l'oligarchie nationale, dont certains membres le toisent avec condescendance à cause de ses origines sociales somme toute médiocres à leurs yeux. «Les gens comme moi ont eu du mal à admettre qu'il fallait confier leur sort à un homme comme Arnoldo», nous a par exemple confié Carlos Hueck, millionnaire en dollars, exilé à Miami depuis la chute de Somoza en 1979. Mais il ne regrette pas d'avoir misé sur le bon cheval en finançant généreusement sa campagne, à laquelle a également cotisé la communauté cubaine anticastriste de Miami.
Autoritarisme sans complexe