Erbil, envoyé spécial
Les convois de peshmergas, les combattants kurdes du PDK (Parti démocratique du Kurdistan, de Massoud Barzani) continuent de monter au front en de longues colonnes de véhicules disparates. Les lignes sont désormais à quelques dizaines de kilomètres de Souleimanieh, le quartier général de leurs rivaux de l'UPK (Union patriotique du Kurdistan, de Jalal Talabani), reconquis par ces derniers il y a dix jours. Taxis, voitures, camionnettes ou mêmes camions sont réquisitionnés dans les rues ou sur les routes, par des hommes en groupes de deux ou trois. Ils se rassemblent dans des stations-service désaffectées, devant d'anciens bâtiments de l'UPK ou à la porte des locaux du PDK, et partent ensuite vers l'est, accompagnés d'un tout-terrain équipé d'une mitrailleuse. Ce flot continu de chair à canon est alimenté par des appels incessants à la radio du PDK, qui alterne la diffusion de l'«hymne national» et des messages de mobilisation générale.
«Ceux qui sont payés par Saddam Hussein vont se battre contre ceux qui sont financés par le régime iranien, mais ils ne savent pas pourquoi», glisse un instituteur que les retournements d'alliance et les volte-face de ces derniers mois ont rendu très amer. «Pour les Kurdes, la politique, c'est tuer son voisin; la démocratie, c'est voler son prochain. C'est normal qu'ils aillent se battre: les salaires ne sont plus payés depuis des mois, plus rien ne fonctionne, il faut bien vivre...» Depuis la précédente «campagne» contre l'