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Libération
Interview

«Les réfugiés rwandais devraient rentrer chez eux». Pour Augustin Mahiga, du HCR, la solution du conflit est politique et non humanitaire.

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publié le 23 octobre 1996 à 0h08

Joint à Dar es-Salam, en Tanzanie, où il participe à des réunions de

crise sur la région des Grands lacs, Augustin Mahiga, chef de la cellule d'urgence du HCR pour le Rwanda et le Burundi, juge que le règlement du conflit ne relève plus aujourd'hui du cadre humanitaire.

Craignez-vous que le conflit au Sud-Kivu n'embrase la région?

Certainement, bien que ce conflit ait débuté comme un problème interne au Zaïre. Nous en avons eu les premiers signes en août, quand notre personnel a commencé à recevoir des Banyamulenges qui s'enfuyaient de leur village et venaient chercher refuge au bureau du HCR. Le problème s'est très vite aggravé, et il a fallu leur trouver un refuge plus sûr. Malgré cela, les pressions des civils et des militaires zaïrois étaient telles que certains d'entre eux ont dû quitter les zones protégées pour fuir vers le Rwanda ou le Burundi.

Ce conflit est tout de même lié à la présence de plus d'un million de réfugiés...

Ça l'est, en effet. A Uvira, la présence des réfugiés rwandais et burundais a créé des pressions sociales, économiques ainsi que politiques. Elles ont exacerbé les tensions qui existaient déjà dans la région.

Pourquoi a-t-on installé les réfugiés si près des frontières, au risque de faciliter les infiltrations de part et d'autre, alors que la règle est de placer les camps à au moins cinquante kilomètres à l'intérieur des pays d'asile?

Dès le départ, on n'a pas vraiment eu le choix de la localisation. La région de Goma, Bukavu et Uvira est très peuplée,