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Libération
Critique

Une femme algérienne

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publié le 24 octobre 1996 à 0h08

Pionnière de la lutte pour la reconnaissance de la citoyenneté des femmes algériennes, Louisa Hanoune est également connue pour son combat en faveur de la réconciliation entre Algériens; ce livre-entretien avec la journaliste Ghania Mouffok se place sous le signe de ce double combat.

Une autre voix pour l'Algérie est d'abord traversée par l'expérience personnelle de son auteur. Née en 1954 dans une famille paysanne pauvre, originaire de Jijel (ex-Djidjeli), Louisa Hanoune est la première femme de sa famille à avoir fréquenté l'école. Son premier combat, qui revêtira plus tard valeur de symbole, elle l'engage contre son père, un «patriarche» hanté par le souci de l'honneur. Lorsqu'elle décroche le bac, ce dernier décide qu'elle n'ira pas à l'université: «Tu peux lire le journal, signer une lettre si le facteur en ramène une, qu'est-ce que tu veux de plus?», lui dit-il. Elle quitte la maison familiale et ne reverra son père que peu de temps avant sa mort. A l'université, elle fait ses premiers pas de militante féministe et s'emploie à battre en brèche l'emprise du Parti de l'avant-garde socialiste et du FLN. Arrêtée une première fois en 1983, elle écope de six mois de prison ferme pour «appartenance à une organisation clandestine». Abassi Madani, Ali Yahia Abdenour, président de Ligue algérienne de défense des droits de l'homme, sont arrêtés en même temps qu'elle. En 1988, deuxième arrestation, au moment où éclatent des émeutes qui ont fait, selon un décompte officieux, 600 mor