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Libération

Le gouvernement turc serre la vis aux journalistesDe nombreux reporters sont emprisonnés, parfois assassinés, pour des articles sur la question kurde.

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publié le 25 octobre 1996 à 22h58

Istanbul, de notre correspondant

Les atteintes à la liberté d'expression se multiplient en Turquie, alors que le procès des policiers assassins de Metin Göktepe, journaliste de gauche battu à mort lors de sa garde à vue à Istanbul, en janvier, s'annonce déjà comme «une parodie de justice», selon la formule d'observateurs de Reporters sans frontières venus assister à la première audience dans la petite ville d'Aydin. Le banc des accusés était vide. Les quarante-huit policiers inculpés, toujours en liberté, ne sont même pas passés par le bureau du procureur pour répondre aux accusations d'homicide volontaire. «Les autorités ont transféré le lieu du procès à 600 km d'Istanbul, qui est le lieu du délit, pour la sécurité des accusés... Mais où sont donc ces accusés?», dénonçait Mme Fadime Göktepe, 65 ans, la mère de la victime.

Pour la première fois, des policiers étaient directement accusés du meurtre d'un journaliste. Le procès Göktepe a donc valeur de symbole. Plus de 20 journalistes ont été tués par balle en Turquie depuis 1989, la police n'avait pu arrêter ou même identifier aucun des auteurs de ces crimes... D'autres journalistes sont derrière les barreaux, comme Isik Yurtçu, 54 ans, une des grandes plumes de la presse turque, condamné à seize ans de prison ferme en tant que rédacteur en chef responsable du quotidien Ozgür Gündem («l'ordre du jour libre», pro kurde, 20 000 exemplaires) pour des articles dont les auteurs sont inconnus, en fuite ou bien à l'étranger. «Je fais