La guerre dans l'est du Zaïre, qui dure depuis une semaine, a
dévoilé hier son visage politique. Alors que la ville d'Uvira, pilonnée au mortier depuis jeudi soir, semblait sur le point de tomber et que près de 300 000 réfugiés chassés de leurs camps convergeaient vers Bukavu, à une centaine de kilomètres plus au nord, un porte-parole des Banyamulenges les Tutsis, installés depuis des générations dans l'est du Zaïre et qui, victimes d'une campagne d'épuration ethnique, ont pris les armes contre l'armée zaïroise a déclaré que son mouvement réclamait «la démission de Mobutu» et cherchait à conquérir toute la bande orientale du Zaïre, frontalière du Burundi, du Rwanda et de l'Ouganda. S'exprimant dans la capitale rwandaise, Kigali, au nom de l'Alliance démocratique du peuple (ADP), Muller Ruhimbika a également affirmé que deux autres mouvements zaïrois d'opposition l'un basé au Kassaï, dans le centre-ouest, l'autre au Shaba/Katanga, la province méridionale riche en minerais, connue pour ses tentatives sécessionnistes apportaient leur soutien au parti banyamulenge. Si cette dernière revendication, qui vise à accréditer le caractère «autochtone» de la rébellion contre le maréchal-président Mobutu, est douteuse, l'existence du parti banyamulenge est un fait. Depuis plusieurs mois déjà, Muller Ruhimbika propage les idées de l'ADP dans des communiqués envoyés, par fax, depuis Kigali. Ce qui, par ailleurs, confirme le parrainage extérieur de la révolte des Banyamulenges...
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