Ce week-end, la guerre non déclarée entre le Rwanda et le Zaïre est
entrée dans sa seconde phase, l'armée rwandaise ayant attaqué deux camps de réfugiés au nord de Goma, jetant sur les routes au moins 200 000 Hutus supplémentaires. Une semaine après le début des affrontements autour d'Uvira, environ 300 km plus au sud, le nombre des Hutus fuyant les camps dans l'est du Zaïre, où ils vivaient depuis leur exode du Rwanda en 1994, au lendemain du génocide, passe ainsi à plus de un demi-million de personnes. Pris en tenaille entre le nord et le sud, au total 1,2 million de réfugiés n'ont désormais le choix qu'entre le retour forcé au Rwanda et la fuite à l'intérieur du Zaïre, au moment où les Nations unies et la plupart des organismes humanitaires évacuent leurs employés «en raison de l'insécurité».
Dans la nuit de vendredi à samedi, Kibumba, un camp abritant près de 200 000 réfugiés hutus au nord de Goma, a été attaqué par «des hommes en armes» et a essuyé des tirs d'artillerie depuis le Rwanda, distant seulement de quelques centaines de mètres. Selon le responsable d'une organisation humanitaire, qui a requis l'anonymat, «cette opération a été menée par le VIIe bataillon de l'armée rwandaise, normalement basé à Kigali». D'autres témoignages sont formels sur l'origine de l'attaque, qui a fait un nombre indéterminé de morts et une centaine de blessés. Un obus a touché l'hôpital du camp. Celui-ci, en quelques heures de fuite paniquée, s'est entièrement vidé. Selon le Haut-Commissar