L'est du Zaïre devient pays rebelle. Malgré l'état d'urgence
proclamé par Kinshasa, presque toute la partie orientale du Zaïre sur 300km le long de la frontière avec le Burundi, le Rwanda et l'Ouganda voisins échappe au contrôle du gouvernement central. La ville d'Uvira, dans le sud, est tombée le week-end dernier, Bukavu, sur le point de subir le même sort, était hier livré aux pillards, déjà abandonné par ses habitants. Seul Goma, situé à 250 km au nord d'Uvira, n'était pas encore menacé directement. Cependant, l'accès au chapelet de camps de réfugiés hutus, qui s'égrènent au nord de cette ville, était difficile en raison des combats, voire impossible pour certains. Qui plus est, selon un service de renseignement occidental, «toute la portion limitrophe de l'Ouganda, à l'est de la ville zaïroise de Rutshuru, est infiltrée. L'armée zaïroise n'y est plus présente».
Hier, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a été le dernier organisme humanitaire à évacuer son personnel de Bukavu par avion. «Les gens ont fui dans les collines. Personne ne pourra plus les aider de toute façon», a expliqué l'un des six partants du CICR. Déserté par ses habitants, près de 200 000 auparavant, Bukavu était livré aux soldats zaïrois et aux miliciens qui les secondent, massue cloutée à la main. Hier soir, des rafales d'armes automatiques et des tirs de mortier étaient entendus à proximité de la ville. Partis il y a dix jours d'Uvira, environ cent kilomètres plus au sud, les combattan