Menu
Libération

«Le 5, ils ont raflé tous les Banyamulenges»Un rescapé raconte comment tout a commencé à Uvira début septembre.

Article réservé aux abonnés
publié le 29 octobre 1996 à 23h50

«Le 4 septembre, des militaires sont venus chez moi avec un mandat

d'arrêt du service des renseignements militaires. En plus du mien, le mandat portait le nom du président et de deux autres dirigeants de la Mutualité banyamulenge.» Rumenge Madaga, psychologue du travail à Uvira, est le vice-président de cette mutuelle, système d'entraide comme en ont tous les Zaïrois de même origine dans cette région du Sud Kivu, si éloignée du pouvoir central.

«On m'a arrêté et mené dans un cachot. Nous avons été torturés. Ils nous demandaient où étaient nos amis. Le 5 septembre, ils ont raflé tous les Banyamulenges d'Uvira. Dans mon cachot, nous étions 40, des hommes et des garçons de plus de 10 ans, entassés dans moins de 9 m2. On est resté dix jours pratiquement sans boire ni sortir.»

Leurs maisons sont pillées. Leurs femmes et leurs enfants sont emmenés à la gendarmerie et enfermés dans des containers. Malgré les rafles, Uvira est calme en ce début septembre. Ni tirs, ni réactions.

«Tout en nous battant, ils nous disaient: "Vous êtes des indésirables. On leur répondait: "Nous sommes zaïrois. Un matin, le commissaire de zone a tenu une réunion. Il parlait au mégaphone, il disait qu'il fallait tuer tous les Tutsis.» Sur pression du CICR qui vient visiter les détenus, les femmes et les enfants sont emmenés au siège du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR). Dans l'enceinte de l'organisation, ils sont menacés par des gens qu'ils désignent comme des miliciens hutus, réfugiés du Rwanda. On leur la