«Nous avons fait la queue comme des moutons devant la guillotine,/Nous avons couru, nous avons/haleté,/Nous avons fait la course pour/embrasser les bottes des assassins"»
Au lendemain de la poignée de main historique entre Ytshak Rabin et Yasser Arafat, le poète syro-libanais Nizar Kabbani, dont les poèmes ont été chanté par Oum Kalsoum et Fayrouz, s'est fendu, dans les colonnes du quotidien saoudien Al Hayat, d'un long poème intitulé «Al-Mouharwiloune» («Les trotteurs sans pudeur»).
Le terme harwala, qui signifie en arabe les gambades d'une bête de somme, désigne ici les «enjambées» effectuées par certains pays arabes vers Israël. Pour Kabbani, cette ruée est le signe flagrant d'une capitulation. Depuis, le mot harwala est devenu un concept clef du discours politique arabe. Nationalistes et islamistes se sont emparés de ce terme pour honnir et bannir ceux qui s'étaient montrés favorables à une normalisation avec l'Etat hébreu.
Toutefois, en dépit des attaques suicides contre Israël, et malgré les nombreux couacs, les partisans de la paix n'ont jamais désespéré des chances d'une normalisation. Au nombre des signes enregistrés, on peut citer pêle-mêle: l'ouverture de lignes téléphoniques ainsi que de bureaux de liaison entre Israël et certains pays arabes, tels le Maroc, la Tunisie, la Mauritanie; la signature d'un accord pour la livraison de gaz du Qatar à Israël; les visites de Shimon Pérès à Oman et à Mascate et de Ytshak Rabin au Maroc; les reportages effectués par des journ