Telluride (Colorado), envoyé spécial
Tous racontent dans le fond la même histoire. Ils sont venus un jour, et ils sont restés. Certains étaient des fadas de ski, d'autres n'avaient jamais skié de leur vie. Ils ont de 25 à 40 ans ou un peu plus, et c'est au fond de cette vallée fermée du sud-ouest du Colorado, dans cette station de sports d'hiver pour fortunes bien assises, attirant l'hiver banquiers et stars d'Hollywood, qu'ils sont venus vivre et travailler. Ordinateur, modem et téléphone ont pour eux aboli les distances, et leur ont permis d'échapper à l'ambiance des bureaux, où ils se sentaient à l'étroit. L'un rédige des ouvrages savants pour l'industrie informatique, l'autre effectue de son chalet en bois des études de marché pour Calvin Klein ou Nestlé et communique de loin avec son cabinet de New York; une autre encore fait ici le même métier qu'il y a quelques années dans la banlieue de Washington: ingénieur-conseil en matière d'environnement. Nichée au coeur de splendeurs montagnardes, à près de 3 000 mètres d'altitude, Telluride a connu depuis le début du siècle le destin singulier d'une ancienne ville de mineurs reconvertie dans l'or blanc, station d'hiver recherchée, en passe de devenir aujourd'hui une des communautés les plus «branchées» au sens le plus littéral du terme du pays. 1 200 habitants (sur 1 800) sont abonnés à une sorte de mini-Internet local, l'Infozone, qui donne à chacun une adresse électronique. Et, en nombre croissant, beaucoup viennent exe