Menu
Libération

MONDE - Elections americaines j-5Chronique des communautés d'Amérique pendant une semaine Un idéal de bonheur en résidence surveillée La vie à Canyon Lake, une ville pour riches entourée de grilles et gardée par des vigiles.

Article réservé aux abonnés
publié le 31 octobre 1996 à 22h58

Canyon Lake, Californie, envoyé spécial

Quelques bateaux font un dernier tour sur le lac qui occupe le centre de la petite cité (14 000 habitants au dernier décompte), une virée en ski nautique s'achève, les braises d'un barbecue s'éteignent, une partie de base-ball familial prend fin, on s'enfile une dernière bière sur la pelouse, entre voisins. Il est temps de rentrer. Ici, on se couche tôt. C'est dimanche soir et demain, les habitants de Canyon Lake, qui travaillent en majorité à Los Angeles et dans ses environs, à plus de 100 kilomètres d'ici, prendront la route dès 4 h 30 pour éviter les embouteillages.

Le «lieutenant» Sean Stoppard, vigile en chef, finit la énième ronde de la journée. Sa Jeep blanche parcourt à petite vitesse les allées paisibles. Comme d'habitude, rien à signaler. De guerre lasse, il se gare à l'approche d'un carrefour, éteint ses phares et attend. Une voiture finit par arriver. Elle ralentit mais oublie le stop. Sourire de bonheur du vigile, suivi d'une interpellation immédiate. Le chauffeur a commis une double infraction: il n'a pas marqué l'arrêt et, surtout, est sorti sans la «carte d'identification» que les habitants de Canyon Lake sont censés avoir sur eux en permanence. Bon prince, Sean se contentera d'un avertissement de 30 dollars. Le contrevenant râle un peu puis se ravise et remercie finalement le vigile de faire son travail. «Bonsoir chez vous».

Réglement intérieur. Ici, les routes sont privées et, comme les parcs, les jardins, le lac, les é