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Libération

L'ex-dictateur malgache revient sur scèneL'élection présidentielle a lieu dimanche.

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publié le 2 novembre 1996 à 2h11

Madagascar envoyé spécial

Lorsque son convoi approche du stade, 15000 personnes entrent dans une véritable transe, rythmée par l'orchestre de soukouss. Certains attendent depuis trois heures sous le soleil de plomb qui frappe la ville de Majanga, sur la côte ouest de la grande île. Mais cette fois, ça y est: l'amiral «Prézida» Didier Ratsiraka, 60 ans, un collier de fleurs autour du cou, fait son entrée. Rapidement, deux malabars armés de matraque sont renversés par la foule qui enjambe les grillages et envahit la vétuste tribune de pierre et de bois. Didier Ratsiraka, le capitaine de vaisseau qui, a la tête de d'un régime militaro-marxiste, régna d'une main de fer sur Madagascar pendant dix-sept ans, fend la foule d'un pas hésitant et s'empare du micro. «Je vais vous construire 35 000 maisons!» Clameurs. «Je vous promets une usine de traitement des déchets!» Double clameur. L'argument fait mouche dans une ville qui subit depuis six mois une épidémie de peste. Un quart d'heure plus tard, l'ex-dictateur s'en va pour tenir à son hôtel des dizaines d'audiences privées: voeux de succès, demandes de faveur, promesses de soutien financier... Dans la capitale, le triomphe est le même. Ratsiraka a rempli le grand stade municipal de Tananarive, une affluence qui a sidéré les observateurs. Car même si la perspective de concerts et de transports gratuits contribue à remplir les stades, c'est surtout l'incroyable retournement de l'histoire qui frappe. Il y a cinq ans à peine, c'est le