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Libération

Les choux reviennent avec l'hiver à Pékin. En novembre, ils envahissent les marchés. Une coutume qui traduit des inégalités croissantes.

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publié le 4 novembre 1996 à 2h07

Pékin de notre correspondante

Comme tous les ans, le 1er novembre, «les choux» ont fait leur entrée dans Pékin. En quelques heures dans la nuit de jeudi à vendredi, convergeant de l'immense ceinture maraîchère qui entoure la ville, des milliers de tonnes de choux sont apparus, dégageant cette odeur si caractéristique de la capitale chinoise en hiver. Près de 300 000 tonnes devraient être mises cette année sur le marché, soit environ 25 kilos par habitant. L'apparition des choux à Pékin, coïncide généralement avec la levée de ce grand vent d'ouest, froid et sec, venu du désert du Gobi, qui marque le début de l'hiver.

La perpétuation de ce rite, datant de l'époque ou Pékin n'était qu'un grand village, surprend dans une capitale devenue cité internationale. Mais cette coutume est révélatrice de la dichotomie de la société chinoise, tiraillée entre communisme et capitalisme. Les longues files d'attente devant les piles de choux témoignent également du creusement des écarts de richesse. «Le chou est le «daloucai», le légume de longue route», explique une vieille femme qui vient d'en acheter 150 kilos. «En l'intercalant avec des légumes plus raffinés, je pourrai passer l'hiver.» Derrière elle, un jeune homme achète 200 kilos. Il explique d'un ton arrogant: «J'ai trouvé un trois-pièces. Des ouvriers vont faire la décoration pendant deux mois. Ces choux et quelques légumes leur suffiront»..

C'est avec l'instauration du régime communiste, dans les années cinquante, que l'approvisionne