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Libération

SPECIAL USA. Don Quichotte candidat. Morales, démocrate, latino et fauché, vise le Sénat.

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publié le 5 novembre 1996 à 1h33

Austin-San Antonio (Texas)

envoyée spéciale C'est un petit pick-up blanc Nissan. Portière gauche cabossée, aile droite rayée. Une carne à côté des grands fauves des autoroutes, les Chevrolet et les Dodge, mais c'est le meilleur ami de Victor Morales. Ensemble, la monture et son propriétaire, candidat au poste de sénateur du Texas, ont parcouru 72 000 miles (115 000 kilomètres). «Une pièce à remplacer qui m'a coûté 40 dollars, les quatre pneus changés, c'est tout. Et dire que Nissan ne m'a même pas remercié pour la publicité!» dit en riant Victor Morales.

Valeurs fondatrices. L'aventure du petit homme au pick-up blanc est pourtant la fable de ces élections 1996. Celle que l'on aime raconter, parce qu'elle renoue avec les valeurs fondatrices et ne contrarie pas une Amérique qui veut encore croire qu'un type venu de nulle part, simple professeur, avec du sang mexicain dans les veines et pas grand-chose sur son compte en banque, peut un jour siéger au Sénat des Etats-Unis d'Amérique. Le costume froissé, l'oeil sur la route, Victor Morales, 46 ans, file sur l'Interstate 35. Adieu Austin. Direction San Antonio. Trapu, carré, sûr de lui. Un 4x4 rouge klaxonne, double, se gare sur le bas-côté. De la fenêtre sort un bras tendu qui agite un bout de papier: un chèque de 100 dollars! Assorti d'un encouragement bruyant du gaillard pour le candidat Morales. «Wouah! ça va payer l'essence», se réjouit Ashley, qui compose, avec Minh, un autre étudiant, son équipage de campagne. Le chèque at