Menu
Libération

Les démocrates reaganiens de Macomb virent républicains clintoniens. D'habitude, ce comté votait républicain à la présidentielle et envoyait des démocrates à la Chambre.

Article réservé aux abonnés
publié le 7 novembre 1996 à 1h57

Clinton (Michigan) envoyé spécial

«Bill Clinton? Ce n'est pas que je l'aime, mais les choses vont bien pour nous aujourd'hui, alors on ne voit pas bien pourquoi prendre le risque de changer. Pour la première fois, je vais voter pour un président démocrate», affirmait lundi le technicien de General Motors, fils d'immigrés italiens attablé en famille devant un plat de spaghettis dans le Country Club de Fern Hill, au bord de la Clinton River. Ce choix, dit-il, lui qui se présente comme républicain, il n'a pas été le seul à le faire: mardi, pour la première fois depuis Hubert Humphrey, en 1968, un candidat démocrate à l'élection présidentielle est arrivé en tête dans le comté de Macomb. Ce comté est un modèle pour les politologues américains: une terre de tradition ouvrière démocrate qui votait républicain à la présidentielle tout en envoyant des démocrates à la Chambre. En majorité catholiques, les habitants du coin ont formé le gros bataillon de ce que les politologues ont appelé les «Reagan Democrats».

Dynamisme. Mais, en quatre ans, le paysage a changé. De part et d'autre de Gratiot Avenue, où les restaurants s'affichent «familiaux» en grosses lettres en néon, les panneaux lumineux qui, d'ordinaire, annoncent les prix des plats du jour lancent des SOS désespérés ­ «Ici, on embauche!» ­ manifestation permanente du dynamisme de l'économie locale: dans cette banlieue ouvrière, le taux de chômage (3,6%) est si bas, grâce au boom de l'industrie automobile, que les employeurs ont la