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Libération

Zaïre: Mobutu, cible des rebelles. A Goma, le commandant Kisase réfute le caractère ethnique de la rébellion.

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publié le 8 novembre 1996 à 1h53

Goma envoyée spéciale

Le commandant André Kisase Ngandu a réquisitionné une villa du centre-ville, celle d'un ancien général des Forces armées zaïroises (FAZ) qui en avait lui-même chassé l'occupant en titre. Le responsable des opérations militaires de la rébellion dans l'Est zaïrois exhibe volontiers la photo martiale du général en question, qui a d'ailleurs pris la fuite avant que les troupes rebelles n'occupent Goma. «Vous voyez ce qu'est devenu ce pays? Ces femmes et ces enfants qui n'ont rien, ces militaires sans solde, réduits à n'être qu'une armée de voleurs. Pourquoi ne pourrait-on pas instaurer ici, comme en Europe, la justice et la dignité humaine?»

Le commandant, la cinquantaine plutôt corpulente et l'air d'un fonctionnaire avec ses lunettes cerclées de métal doré, reçoit dans son grand salon, vêtu d'un treillis des Faz. «On n'a pas d'habit. Alors j'ai trouvé ça et je l'ai ramassé. Et un béret bleu pour me coiffer.» Kisase dirige des soldats sans tenue et sans grade («On n'a pas eu le temps d'en créer»), mais armés et bien entraînés. Sur cet aspect, le commandant n'est pas bavard. «Avec nous, il y a des gens qui ont fait l'armée zaïroise. Et puis on entraîne ceux qu'on recrute.» Ses liens avec le Rwanda? «Un pays voisin comme les autres avec lequel il faut coopérer.»

André Kikase est en revanche très loquace pour réfuter le caractère ethnique de la rébellion. «Cette guerre n'a aucun rapport avec la question banyamulenge. Qu'est-ce que c'est, les Banyamulenge? Une eth