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Libération

Goma, «ville ouverte» mais sous haute surveillance. Les organisations humanitaires ne peuvent toujours pas atteindre les camps, lieux d'une tragédie invisible.

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publié le 12 novembre 1996 à 1h42

Goma envoyée spéciale

Pour la première fois depuis que la ville est tombée aux mains des rebelles, les organisations humanitaires sont rentrées hier à Goma. La présence de Laurent Désiré Kabila, le dirigeant de l'Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre, y est évidemment pour quelque chose. Le convoi de véhicules, accompagné de journalistes opportunément rappelés après s'être fait expulser la nuit précédente, avait tout d'un show destiné à montrer au reste du monde que le chef de la rébellion du Kivu est un homme avec lequel il faut compter. Kabila avait la veille donné le ton en réitérant son invitation aux humanitaires, à condition qu'ils s'adressent aux «responsables du territoire», autrement dit à lui et à son camp. A Kigali, certaines ONG triées sur le volet avaient été prévenues du rendez-vous par les autorités rwandaises. Haricots et biscuits. Hier pourtant, le ministre rwandais de la Santé, le docteur Joseph Karemera, qui accueillait le convoi côté rwandais, a nié avoir une quelconque «influence» sur les nouvelles autorités de Goma: «Le Rwanda ne participera pas à l'opération à moins d'avoir un mandat du Conseil de sécurité.» Kigali souhaite simplement, dit-il, que les ONG apportent aux réfugiés «le minimum pour qu'ils puissent marcher jusqu'au Rwanda». Mais le ministre comme les rebelles et la population de Goma attendaient tout de même davantage que quelques tonnes de haricots, des biscuits, des couvertures et des médicaments. La prudence