Goma envoyée spéciale
«Hier, c'était la panique générale.» Jo Lusi, le médecin chef de l'hôpital CBK (Communauté baptiste du Kivu) a les traits tirés. Douze heures de travail par jour, 150 malades et blessés installés jusque sous des tentes et, maintenant, la menace d'une épidémie de choléra. Goma n'a pas oublié. 1994, l'arrivée des réfugiés, une épidémie qui avait emporté 50 000 personnes. La veille, 6 malades ont été amenés à l'hôpital, avec des vomissements et des diarrhées caractéristiques. Le docteur Jo Lusi les a immédiatement isolés. Fausse alerte. Ils souffraient de dysenterie amibienne. Aujourd'hui, il va courir la ville à la recherche de lits pour créer une unité bien à part, au cas où. Personne ne peut se rendre au camp de Mugunga, où se trouve encore des dizaines de milliers de réfugiés, encadrés par les forces armées de l'ancien régime rwandais et leurs milices hutues. Et encore moins, au-delà, dans la baie Sake, un cul-de-sac où, à en croire les gens d'ici, seraient bloqués les deux tiers de la population de Goma. Situation explosive. «Mais nous avons des témoignages alarmants, dit Jo Lusi. Et on nous a signalé des cas de choléra dans le Nord vers Rutshuru. Or l'axe Goma-Rutshuru est ouvert pour permettre aux gens de se ravitailler. Nous nous tenons donc prêts. Avec le choléra, il faut aller très vite.» La situation est explosive, reconnaît Marc, médecin à MSF international. «A Goma, ce n'est pas catastrophique. Avec des médicaments et de la nourriture, les