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Libération

Kinshasa, capitale d'un Etat déliquescent. Armée en déroute, exécutif essoufflé: le pays attend le retour de Mobutu en sauveur.

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publié le 13 novembre 1996 à 1h39

Kinshasa envoyé spécial

Le macadam est lépreux mais la rue est bordée d'arbres en fleurs et, de toute façon, il n'y a guère de voitures ni de passants. Dans un quartier résidentiel de Kinshasa, l'avenue des Trois Z ­ pour Zaïre, depuis 1971, à la fois le nom du pays, du grand fleuve et de la nouvelle monnaie ­ est l'adresse du pouvoir exécutif d'un Etat cinq fois grand comme la France et peuplé de 40 millions d'habitants. Ce pouvoir tient dans un pavillon sans étage, «l'hôtel du gouvernement», entouré de quelques bureaux en béton éparpillés dans le jardin. Ici, siège le Premier ministre, Kengo Wa Dondo, le Conseil des ministres hebdomadaire et, tous les jours depuis le début de la «crise dans l'Est», un Conseil interministériel d'urgence. C'est visible à l'oeil nu mais, par pudeur, nul ici ne l'affirme: l'exécutif zaïrois vit sur 25 millions de dollars par mois, l'Etat est si essoufflé qu'on lui prête trop d'énergie en croyant qu'il risque l'implosion. Autour de Kengo Wa Dondo, en place depuis juillet 1994, comme gestionnaire d'un pouvoir qu'incarne toujours le maréchal-président Mobutu, l'amertume domine. A l'éclatement de la guerre dans le Kivu, on affirme avoir débloqué 6 millions de dollars et les avoir confiés au chef d'état-major général des Forces armées zaïroises (FAZ), le général Eluki. Or, celui-ci, la semaine dernière, s'en est publiquement pris au gouvernement pour «n'avoir pas donné à l'armée les moyens de se battre». Le fait est que l'argent n'est jamais parv